Autorité Palestinienne : Corruption et népotisme

 

Publié le 8-05-2009

Ci-dessous une enquête publiée par le quotidien espagnol El Pais, et traduite par le site info-palestine.net.

"Profits juteux

par Juan Miguel Muñoz

El Païs

A Gaza, les gens recherchent des générateurs électriques. Mais de fabrication européenne, car les « made in China » qui entrent par les tunnels de Rafah, à la frontière égyptienne, sont aussi bons marché que de piètre qualité.

« Ils s’abîment tout de suite et, en plus, il n’y en a pas de rechange », commente un villageois qui subit des coupures d’approvisionnement de huit heures par jour. Voire dix. Voire douze. Tout dépend des quartiers, de la ville. C’est imprévisible.

La seule centrale électrique de la Bande de Gaza fonctionne avec la moitié du gaz nécessaire à cause du blocus israélien, qui empêche une livraison suffisante de combustible. Mais (surprise) les cadres supérieurs de l’entreprise privée qui gère la centrale se partageront des dividendes cette année.

Ils ont atteint le bénéfice de 4,7 millions d’euros en 2008, soit un million et demi de plus que l’an passé. Ceci n’a rien d’étonnant, étant donné les privilèges octroyés à une compagnie confortablement liée à l’Autorité Palestinienne et qui profite gratuitement du financement du combustible (100 millions d’euros par an) que paye l’habituel dindon de la farce : l’Union européenne.

A Ramallah, le Premier Ministre Salam Fayad, leader d’un parti minoritaire, mais dirigeant favori de Washington et Bruxelles, retarde le paiement des salaires aux dizaines de milliers de fonctionnaires. Le gouvernement vit au jour le jour, en trichant.

Mais il tient scrupuleusement, coûte que coûte, à remplir son obligation de payer chaque année 22 millions d’euros à Palestine Electric Corporation. Il y a six ans, il tenta, sans succès, de défaire le pacte signé en 1999 entre l’Autorité palestinienne et l’entreprise. Une aubaine pour les investisseurs.

Et qui sont ces investisseurs ? Consolidated Contractors Corporation et la société publique Palestine Investment Fund, à laquelle le président Mahmoud Abbas fit changer le statut, la faisant dépendre de la présidence lorsque le Hamas remporta les élections en Janvier 2006 et qu’il se disposait à former le Gouvernement.

Mais il y également un autre associé : Arab Palestinian Investment Corporation. Et qui en est le vice-président ? Un certain Tarek Abbas, fils du Président, dont le mandat expira en Janvier.

Les prévôts du Fatah ont profité du monopole sur le tabac, l’essence, le ciment, la téléphonie mobile…Les efforts de Fayad pour mettre de l’ordre se heurtent à la résistance numantine [1].

Quinze années de sinécure ne s’éliminent pas en un trait de plume. Il n’est pas rare d’entendre des grossièretés au sujet des disputes entre le premier ministre et les politiques du Fatah, marginalisés depuis 2007 par Fayad. Mais, au sujet de l’entreprise électrique également, sans explosions de colère excessives, on entend des critiques de la part de certains diplomates européens qui ne s’opposent pas au fait de devoir débourser des euros pour le gouvernement et pour des oeuvres publiques, mais qui craignent de subventionner une entreprise publique.

Alors que l’économie palestinienne ne sort pas du marasme en Cisjordanie, à Gaza, les qualificatifs s’épuisent (65% de la population active est au chômage), et les bénéfices des compagnies s’effondrent sans remède. Palestine Electric Corporation croit en un futur plus brillant que la lueur des chandelles qu’on utilise tous les jours dans la Bande pour dépanner lors des coupures. "Nous espérons que cette année soit celle d’une croissance imparable", déclarait la semaine dernière son président, Saïd Jury.

Splendide pour les actionnaires, car les dividendes (4,5 millions en 2006 ; 2,7 millions l’année suivante, et on ne connaît toujours pas ceux de 2008) se distribuent nets de tout impôt. Et le contrat demeurera encore en vigueur dix ans. Vive les affaires !

"L’industrie du processus de paix", dont fait partie l’autorité de Ramallah, réalise de juteux profits en piochant dans les finances publiques. Corruption et népotisme vont en général de pair…

Notes :

(1] Evocation de la farouche résistance des Celtibères face aux armées romaines, de 154 à 134 avant J.C. Les derniers survivants préférèrent se suicider plutôt que de se rendre.

Source : http://www.info-palestine.net:80/article.php3 ?id_article=6561

CAPJPO-EuroPalestine

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