Abdul-Wahhâb El-Messiri, le penseur musulman est mort. Le vide pour nous, ses frères musulmans

El-Messiri a été membre de la confrérie des Frères Musulmans dèd sa jeunesse, il a ensuite rejoint le courant marxiste pour l’accompagner et l’étudier de près pendant des années, puis il a été attiré par la culture et la littérature occidentale où il a longuement puisé, pour enfin rejoindre le havre de l’islam et de la culture arabo-musulmane.

En plus de ses activités littéraires en tant que poète et écrivain sur des sujets touchant la civilisation occidentale et usaméricaine, des études littéraire et linguistique, et aussi plusieurs livres de littérature pour enfants, Professeur El-Messiri est devenu, grâce à un long travail en profondeur, l’un des meilleurs spécialistes mondiaux de l’histoire du Judaïsme et du mouvement sioniste, et de la pensée juive et sioniste, avec plus d’une trentaine d’ouvrages entre 1972 et 2006, dont quelques uns sont en Anglais.

Son œuvre la plus importante et de loin la plus connue, fruit de 25 ans d’efforts, et pour laquelle il a reçu plusieurs menaces de mort de la part du rabbin Meir Kahane, est la grande « Encyclopédie sur les Juifs, le Judaïsme et le Sionisme : un nouveau modèle d’explication » en huit volumes, une œuvre unique sans comparable de cette envergure dans le monde. Une version électronique (en Arabe) de cette encyclopédie est disponible sur son site à www.elmessiri.com/encyclopedia/

Pour l’anecdote, son intérêt pour ces sujets a commencé en 1963 aux Etats-Unis quand il a demandé à une collègue quelle était sa nationalité, et elle lui a répondu qu’elle était juive. Il a alors insisté en disant qu’il voulait savoir sa nationalité et non pas sa religion, mais la jeune dame n’a fait que répéter la même réponse. Et depuis, sa curiosité pour comprendre cette réponse l’incite à tout lire sur le Sionisme, le Judaïsme, les Juifs et les Israéliens.

Professeur El-Messiri ne s’est pas contenté de ses activités intellectuelles, il s’est aussi impliqué en tant que militant politique et opposant au régime égyptien en participant à la création fin 2004 du mouvement pour le changement en Egypte « Kifâya » (ça suffit) dont il est devenu le coordinateur général début 2007.

Ses actions et ses écrits avec sa profondeur d’analyse et son courage, lui ont valu beaucoup d’ennemis en Israël jusqu’à ce qu’il soit accusé d’antisémitisme, et aussi au sein même du régime égyptien, où il était sans cesse harcelé, alors que la rue arabe et les forces de résistance le considéraient comme l’un des plus importants défenseurs des causes stratégiques da la nation arabe et musulmane.

Iyad

Sur son site, on peut lire dans sa dédicace de son encyclopédie :

C’était un jour imprégné de l’odeur de l’histoire et de l’éternité

[…]

Au matin, mon ami m’a dit que nous allions présenter nos condoléances à la famille d’un martyr palestinien qui a été fauché par les balles alors qu’il essayait de passer à travers les fils barbelés pour retourner à sa terre. […] Quand nous sommes entrés dans la maison, nous n’avons pas entendu de pleurs, et nous n’avons pas vu de signe de tristesse. Bien au contraire, ils distribuaient des gâteaux et ils recevaient des compliments en disant : « Bientôt aux bleds incha-Allah ». Tout le monde parlait du don de soi et du sacrifice.

J’étais assis à côté d’un vieil homme, un partisan du cheikh Izzeddine Al-Qassâm (1882-1935, d’origine syrienne, il a fait ses étude à l’université Al-Azhar en Egypte avant de s’installer en Palestine où il fut l’un des pères de la résistance nationale armée contre les Britanniques et les Sionistes. Il fut tué par les Britanniques dans une bataille en 1935, NdT). Le vieil homme me dit : « Nous savions très bien que nos armes ottomanes étaient vieilles, et que chaque fois que nous nous accrochions avec les Sionistes et les Britanniques ils vont nous cueillir avec leurs balles, comme ils viennent de faire avec notre fils martyr. Malgré cela, nous partions toutes les nuits de nos villages pour les combattre ». Je lui demande : « Pourquoi ? » Le vieil homme se tait un peu, puis il s’agite comme une vieille montagne palestinienne et il dit : « c’était pour qu’on n’oublie pas la terre et le pays… Pour que personne n’oublie la patrie ».

[…]

[Je dédie ce travail] à Abou Saïd, qu’Allah ait pitié de son âme,

Et à tous ceux qui ont enduré et résisté,

Et à tous ceux qui vont endurer et résister avec la grâce d’Allah…

Abdul Wahhâb El-Messiri

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