(source : Le Point)
Publié le 10/06/2009 à 14:12 – Modifié le 10/06/2009 à 20:24 Le Point.fr
OMAR BONGO
Chirac-VGE, le réglement de comptes
Avec agence
Échanges d’amabilités entre Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing, avec comme toile fond la mort du président gabonais Omar Bongo © Photos by Christophe Guibbaud/Nicolas Khayat/ABACAPRESS.COM
Leur querelle dure depuis des décennies, et semble ne pas connaître d’épilogue. Les deux anciens présidents Jacques Chirac (1995-2007) et Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) se livrent en effet à une nouvelle passe d’armes, avec comme toile de fond le décès d’Omar Bongo. Tout a commencé mardi, lorsque VGE déclare sur Europe 1 que l’ancien président gabonais, décédé la veille, "a soutenu financièrement Jacques Chirac" en 1981, une présidentielle au cours de laquelle Giscard briguait, en vain, sa réélection, affrontant au premier tour son ancien Premier ministre Jacques Chirac. Il a finalement été battu par François Mitterrand, celui-ci devenant le premier président socialiste de la Ve République.
La réaction de Jacques Chirac ne s’est pas fait attendre. Mercredi, l’ancien chef d’État a affirmé à l’Agence France"Presse que ces propos étaient "dénués de tout fondement" et qu’ils ne relevaient que d’une "médiocre polémique". Les relations de Valéry Giscard d’Estaing avec celui qui fut son Premier ministre (1974-1976) sont notoirement mauvaises. VGE, dont la campagne de 1981 fut plombée par l’affaire des diamants du dictateur centrafricain Bokassa, n’a jamais été avare de piques contre son successeur Chirac.
Villepin dénonce une "recherche de boucs émissaires"
Ce dernier s’est trouvé deux défenseurs. L’ancien ministre de l’Intérieur (1986-1988) Charles Pasqua a ainsi fustigé, mardi, la "basse insinuation" et la "calomnie" de VGE. Mercredi, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a jugé pour sa part "déplacés" les propos de Valéry Giscard d’Estaing. "Je regrette ces petites phrases, je ne vois pas très bien ce qu’elles apportent au jeu politique", a-t-il estimé sur France Inter, voyant dans les propos de l’ancien Président la "recherche de boucs émissaires ou d’explications à une défaite ancienne".
"On a beaucoup fait courir de rumeurs sur des soutiens (du président gabonais) à des formations de tous bords sur la scène politique. Je n’ai aucune indication là-dessus bien sûr", a affirmé Dominique de Villepin, qualifiant Omar Bongo d’ami de la France. "Avec sa mort, c’est une page qui se tourne", a poursuivi l’ancien chef de la diplomatie française. "Je ne peux pas oublier, comme ancien ministre des Affaires étrangères, l’appui qu’a donné le président Bongo à de nombreuses initiatives" de la France en Afrique.