Les Palestiniens perdent leur accès vital à la nappe phréatique dans les territoires occupés, alerte la Banque Mondial.

La région affronte cet été une cinquième année consécutive de sécheresse, mais le rapport de la Banque Mondiale fait état d’énormes disparités entre Israéliens et Palestiniens dans la consommation d’eau, alors que les uns et les autres partagent la nappe phréatique synclinale qui s’étend le long de la Cisjordanie occupée. Selon la Banque, les Palestiniens n’ont accès qu’à un cinquième des réserves d’eau, tandis qu’Israël, qui contrôle la zone, s’approprie le reste.

La Banque indique que les Israéliens consomment annuellement 240 mètres cubes d’eau par personne, contre 75 pour les Palestiniens de Cisjordanie et 125 pour les Gazaouis. Les Palestiniens de Cisjordanie sont de plus en plus contraints à dépendre de l’eau achetée à la Compagnie nationale israélienne de l’eau, Mekorot.

Dans certains secteurs de Cisjordanie, les Palestiniens survivent avec aussi peu que 10 à 15 litres d’eau par personne et par jour, ce qui se situe en deçà de s niveaux de prévention des désastres humanitaires qui sont recommandés pour éviter les épidémies. A Gaza, où les Palestiniens dépendent d’une nappe phréatique devenue de plus en plus saline et polluée, la situation est encore pire. Il n’y a que 5% à 10% de l’eau disponible qui soit suffisamment propre pour être potable.

Gidon Bromberg, responsable israélien de l’association Amis de la Terre au Moyen-Orient, a déclaré qu’il existait une carence manifeste à satisfaire les besoins fondamentaux en eau à la fois pour les Israéliens et les Palestiniens, et que les Israéliens s’attribuaient « la part du lion ». « La donnée de base est qu’une grave crise de l’eau sévit dans cette région, principalement du côté palestinien, et elle sera ressentie de façon encore pire au cours de l’été qui vient », a dit Bromberg dans une conférence sur le sujet à Jérusalem ».

Il a indiqué que le Comité Commun de l’Eau, établi en 1995 entre Israéliens et Palestiniens comme une mesure intérimaire dans le cadre des Accords de Paix d’Oslo, n’avait pas donné de résultats et nécessitait une révision.

Selon le rapport de la Banque Mondiale, les espoirs selon lesquels les accords d’Oslo procureraient des ressources en eau à un Etat palestinien viable et amélioreraient la vie des Palestiniens n’avaient été “que très partiellement réalisés”.

Le rapport l’impute aux insuffisances de la ressource en eau, aux carences de gestion et à un sous-investissement chronique. A Gaza, le blocus économique continu par Israël a joué un rôle-clé pour empêcher l’entretien et la construction d’installations d’eau et d’assainissement. En Cisjordanie, un facteur réside dans les contrôles militaires sur les Palestiniens, ceux-ci étant toujours dans l’attente de l’approbation de 143 projets relatifs à l’eau.

“Nous considérons que l’efficacité de notre aide dans la situation actuelle est compromise”, estime Pier Mantovani, un spécialiste de la question de l’eau au Moyen-Orient pour la Banque Mondiale, qui est une source d’aide importante pour les Palestiniens.

La majeure partie de cette aide est allée à des projets d’urgence, sans grande valeur stratégique à long terme. Il s’agissait, dit-il, d’une approche « ad hoc, par petits bouts ».

Il faut par ailleurs rappeler que les Palestiniens ne sont autorisés à forer aucun nouveau puits de production d’eau en Cisjordanie depuis la guerre de 1967.

http://www.guardian.co.uk/world/2009/may/27/israel-palestinian-water-dispute

(Traduit par Anne-Marie PERRIN pour CAPJPO-EuroPalestine)

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